Une méditation sans objet
On viendrait donc en somme au dojo sans raison ?
NON !…
On vient toujours avec une bonne raison !
Et nous sommes déjà bien comme nous sommes.
Cette bonne raison est très souvent factice, un prétexte au service de moi, l’ego. Mais on ne peut l’appréhender, l’exprimer au début…
Cependant la bonne raison est un bon terreau pour le débutant.
Avec persévérance dans une pratique assidue, cette bonne raison va s’user, se transformer, laisser la place non pas à un bonheur construit sur le fait de se sentir bien, mais d’être rassuré inconsciemment sur l’existence de notre Essence/Essentiel qui se dévoile à nous au fil du temps.
Méditer pour moi serait d’avoir un peu conscience d’une conscience plus large, celle qui éternellement échappera à mon expression, alors qu’il n’est question que de cela. Comment la vivre ? alors que la cerner avec des buts, des critères la pollue, la dénature !
Comment vivre sans être dépendant de ces trucs personnels suggérés sans cesse par notre mental ?
Alors COMMENT FAIRE ?
Assise sur mon coussin, des pensées affluent en permanence qui veulent prendre le pouvoir, mais j’ai pu constater en trente ans de cette méditation que je n’en mourrais pas ! Je ne les confonds plus avec la sensation d’insatisfaction de ce qui m’arrive, qu’il s’agisse d’injustice, de déception, de tristesse, de colère, d’indifférence.
Ce qui m’arrive, c’est ce qui m’arrive, mais je ne m’identifie pas à cela. Et ça change tout…. Ces ressentis très personnels n’étouffent plus cet essentiel, bien que toujours présents. !…
La pensée dans la méditation en zazen a tous les temps à la fois, et pourtant se vit au présent avec tout le passé et prépare l’action du futur proche…
Et si notre essence commune n’avait pas de temps ? Où se situe donc la raison à venir méditer avec autant de détermination ?
Inconsciemment, cet élan se fait incontournable : c’est une évidence branchée sur cette essence à la source de ce qui ne meurt jamais. Elle ne se voit pas, elle échappe à tous nos sens sauf à la conscience non perturbée. Elle est inépuisable et contient tous nos potentiels inimaginables.
La première année de la découverte de cette pratique/méditation a été pour moi un temps de désillusion et de passion…
Ma petite fille, âgée de quatre ans, montant les escaliers du dojo me lançant : « Mais maman, y a bien une raison pour que tu viens ici souvent ? » Et le responsable en haut de l’escalier, répondant : «Oui, tu as raison Tiphaine, il y en a une, et elle est où ? » La réponse est dans la question : SANS OBJET ET BONNE A VIVRE !
Florence